Je n’ai rien contre l’idée d’être positive, optimiste, bien au contraire. Mes coups de gueule font partie de moi, mais je ne me résume pas à ça. J’aime chercher la beauté là où elle se cache. Je trouve même que c’est une des clés du bonheur. Seulement, quand le positivisme devient une religion, il perd tout son sens. C’est le début du déni, du refus de la réalité.
Quand tu te casses une jambe, c’est la galère, point barre ! Certains y verront une opportunité de se poser, de ralentir, de goûter à la slow life. Très bien pour eux. Mais soyons honnêtes : il n’y a rien de réjouissant à se doucher avec un sac plastique sur la jambe, à dépendre des autres pour le moindre déplacement, ou à dormir mal parce que le plâtre gratte. Parfois, c’est juste nul. Et c’est OK de le dire.
Être positif, oui, mais pas au point de nier la réalité. Il y a des moments où « voir le bon côté des choses », c’est surtout refuser de les voir tout court. À force de vouloir repeindre chaque épreuve en rose, on finit par nier ce qu’on ressent, par minimiser ce qui fait mal. Et c’est là que le positivisme dérape : il devient une façon d’éviter le réel, plutôt qu’une manière de le traverser. Être lucide n’a rien de négatif, je crois même que c’est la base d’un optimisme solide.
Et bonjour la culpabilité ! Voire le stress… « J’ai pensé négatif, je suis nulle. » Comme si avoir un coup de mou, râler, ou douter faisait de nous de mauvaises personnes. Non mais sérieusement ? Depuis quand avoir une émotion, une peur, un doute est devenu un échec ? À force de vouloir penser positif tout le temps, on finit par s’angoisser à la moindre pensée sombre. On ne s’autorise plus à être humains, à ressentir ce qui dérange, à traverser une émotion. Le comble, c’est qu’à vouloir tout contrôler, on finit juste à bout.
Je pense que tout est une question d’équilibre, d’objectivité. Les choses ne sont pas toutes roses. Accepter qu’il y ait du beau et du moche, du léger et du lourd, du simple et du compliqué, sans chercher à tout lisser, ce n’est pas du pessimisme : c’est du réalisme. Et si la vraie maturité émotionnelle, c’était de supporter que tout ne soit pas « inspirant », mais d’accepter le réel. Dans un monde obsédé par la good vibe only, ce serait presque un acte de résistance.
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