La peur du vide

Publié le 26 novembre 2025 à 07:24
peur du vide

Dans un monde qui va à mille à l’heure, l’ennui est devenu suspect. Chaque instant doit être comblé, optimisé, rentabilisé. Le silence, la lenteur ou l’inaction sont mal perçus. Pourtant, apprendre à apprivoiser le vide pourrait bien être une des clés d’un véritable équilibre intérieur.

 

L’ennui a mauvaise presse. On l’associe à la paresse, à la mollesse, à la perte de temps. Je ne crois pas ça, l’ennui, je le vis comme une respiration. C’est ce moment où l’esprit divague, où la créativité s’invite sans prévenir. C’est dans le vide que les enfants inventent des mondes, que les artistes trouvent des idées, que les esprits fatigués se reposent enfin. Mais pour ça, il faut accepter de décrocher. Et, dans une société qui valorise la performance permanente, c’est pas gagné.

 

On ne supporte plus de ne rien faire, comme si le simple fait d’exister ne suffisait plus. La peur du vide, c’est peut-être le nouveau mal du siècle. Le vide, c’est devenu gênant, angoissant. On a peur de s’arrêter, comme si s’immobiliser revenait à disparaître. Résultat : on se remplit, on s’agite pour ne pas penser. On remplit nos agendas, nos écrans, nos pensées, avec l’impression que ne rien produire serait un délit, que le silence serait un vide honteux à combler. C’est un peu ce que le monde d’aujourd’hui nous dicte. Et pourtant, ce rien apparent, pourrait être exactement ce qui nous manque : une pause pour respirer, réfléchir, rêver, ou simplement sentir que l’on est vivant.

 

De plus, à force de remplir, on risque de déborder. Ce trop-plein finit souvent par se retourner contre soi : fatigue, agitation, sentiment d’étouffement. Ce n’est pas seulement une surcharge extérieure : c’est une saturation intérieure. Nous entassons comme si chaque ajout nous rapprochait de nous-mêmes. Mais plus nous remplissons, plus nous nous en éloignons. Accepter le vide, c’est apprendre à ne plus en faire un ennemi, mais un espace d’équilibre, un intervalle nécessaire pour se recentrer.

 

Et si, au lieu de fuir l’ennui, on (re)apprenait à l’apprivoiser ? Parce qu’au fond, c’est souvent dans le vide que naissent les plus belles idées et les plus vraies rencontres avec soi. Réapprendre à ne rien faire de temps en temps, c’est oser le silence, la lenteur, l’attente. C’est se rendre compte qu’il ne se passe rien…et que c’est très bien comme ça. Le vide n’est pas un trou à combler, mais un espace à habiter. Alors, la prochaine fois que vous sentez l’envie réflexe d’attraper votre téléphone dès que l’ascenseur tarde à arriver, résistez. Laissez venir l’ennui, observez-le. Peut-être qu’au fond, ce n’est pas du vide que nous avons peur, mais de nous-même. Prenons le temps de nous rencontrer, nous retrouver, d’en apprendre un peu plus sur nous-même. C’est à mes yeux, une des façons de trouver un équilibre, une certaine sérénité.

Ajouter un commentaire

Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire.