La cancel culture

Publié le 23 novembre 2025 à 08:12
cancel culture

Phénomène né aux Etats Unis, la Cancel Culture ou culture de l’annulation interroge notre rapport à la liberté d’expression. Derrière la volonté de dénoncer certaines paroles jugées offensantes se cache parfois une logique d’effacement : celle de tout ce qui ne correspond plus au « politiquement correct ».

 

La Cancel Culture, désigne le phénomène par lequel une personne ou une œuvre se voit rejetée, critiquée, voire complètement boycottée à la suite d’opinions ou d’actions jugées choquantes. C’est bien souvent sous couvert de justice sociale que certaines personnes se font littéralement boycotter, souvent sans véritable débat. Si ce mouvement est né d’une volonté de dénoncer des comportements discriminatoires ou abusifs, il soulève aussi la question de la liberté d’expression.

 

Une personne ne peut-elle pas penser autrement que nous ? C’est pourtant le principe même de la démocratie : la coexistence d’opinions diverses. On discute, on débat, on confronte les arguments, mais on ne cherche pas à faire disparaître ce qui nous dérange. Effacer une voix discordante, c’est nier la pluralité essentielle à toute société et basculer vers une forme d’intolérance dangereuse pour la liberté.

 

Refuser un point de vue qui n’est pas le sien, vouloir l’effacer ou le nier, c’est ouvrir la porte au fascisme et au totalitarisme. Car c’est justement dans la pluralité des opinions que réside la liberté. Dès lors qu’une pensée unique prétend détenir la vérité absolue, toute divergence devient suspecte, toute critique est étouffée. L’histoire nous a montré où mènent ces dérives : à la censure, à la peur, à la soumission des consciences. Vouloir effacer ce qui ne correspond pas à un certain modèle de pensée, c’est nier la complexité du réel et la richesse du débat. C’est une pente dangereuse, qui transforme la différence en faute, et la liberté d’expression en menace.

 

Je vais prendre un exemple concret : qu’on le veuille ou non, une personne a le droit d’être contre l’avortement. Vous n’êtes pas d’accord, vous avez vos arguments…et bien, elle aussi. Pourquoi les siens vaudraient-ils moins que les vôtres ? Elle ne partage simplement pas votre point de vue, et c’est son droit le plus strict dans une démocratie. Si vous cherchez à la faire taire ou à effacer son opinion, que reste-t-il alors de la liberté d’expression ? Vous êtes contre ? alors j’ai une nouvelle pour vous : vous êtes un dictateur en puissance, un vrai "facho".

 

Ce qui m’effraie le plus, c’est l’ampleur que prend cette tendance. Jusqu’où ira-t-on dans cette logique d’épuration symbolique ? Certains réclament la disparition de monuments historiques au motif qu’ils ne reflètent plus leurs valeurs actuelles. D’autres souhaitent gommer des pans entiers de l’Histoire parce qu’ils ne servent pas leur discours. Mais effacer le passé, c’est refuser de l’assumer, et c’est condamner la société à l’amnésie collective. Oublier, c’est, entre autres, se condamner à refaire les mêmes erreurs.

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