Je suis AESH dans une classe Ulis, et l’inclusion, je la vis chaque jour. Si elle représente une formidable avancée pour beaucoup d’enfants, elle montre aussi ses limites. Certains, malgré tous les efforts, peinent à trouver leur place à l’école ordinaire et progresseraient davantage dans un établissement spécialisé. Ce choix, aussi difficile soit-il, ne revient pas à exclure mais à mettre en place ce qu’il y a de mieux pour l’enfant !
L’inclusion EST formidable ! J’ai vu des enfants progresser, reprendre confiance, s’épanouir au sein de l’école de la République. Parfois même, une belle solidarité naît dans la classe : des regards qui changent, des mains tendues, des réussites partagées. Ce ne sont pas de petites victoires, mais de grandes avancées. Loin de moi l’idée de remettre en cause ce projet, si précieux et porteur d’espoir. Mais il faut aussi regarder la réalité en face : certains enfants, porteurs de pathologies lourdes, ne trouveront jamais pleinement leur place dans le système scolaire « classique ».
Trop souvent, les pathologies sont lourdes, très lourdes, enseignants et AESH sont dépassés. Nous nous contentons d’éviter le naufrage. Pardon pour l’image un peu dure mais c’est vraiment ce que je ressens. Le personnel souffre et les enfants avec. On oublie que nous ne sommes pas éducateurs spécialisés, encore moins psychologues ou médecins. C’est pourtant ce qui est nécessaire pour certains enfants.
Placer un enfant dans une structure spécialisée, ce n’est pas un échec : c’est reconnaître ses besoins réels et lui offrir les meilleures conditions pour grandir. C’est avoir le courage de regarder la réalité en face, au-delà des idéaux et des slogans. Dans ces structures, une équipe pluridisciplinaire - éducateurs, orthophonistes, psychomotriciens, enseignants spécialisés - accompagne chaque enfant selon son rythme et ses capacités. Loin d’être une exclusion, c’est une autre forme d’inclusion : celle qui consiste à donner à chacun les clés pour s’épanouir, apprendre autrement et trouver sa place dans le monde.
L’inclusion est une très belle idée, une véritable avancée humaine et sociale. Mais elle ne doit pas devenir un dogme. Car lorsqu’un principe, aussi noble soit-il, s’impose sans nuance, il finit parfois par desservir ceux qu’il voulait protéger. L’inclusion devrait rester un moyen, pas une fin : celle de permettre à chaque enfant de trouver sa place, là où il peut grandir, apprendre et s’épanouir pleinement.
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