Visages repulpés à l’acide hyaluronique ou discours bienpensants, le naturel et la spontanéité semblent s’être fait la malle. Tout paraît calibré, lissé, filtré : les visages comme les opinions. Le monde devient une story bien cadrée. Le réel, lui, attend qu’on le regarde à nouveau.
« Chassez le naturel, il revient au galop », encore faudrait-il qu’il soit resté sur Terre. À force de filtres, d’avatars et de mises en scène, le naturel a dû prendre un aller simple pour une autre galaxie. Le naturel fait tache : trop brut, trop vrai, trop humain. Avons-nous si peur de lui pour le mettre ainsi à l’écart ? Il semble trop rugueux pour nos sensibilités formatées : il gratte, il pique, il rappelle qu’on ne contrôle pas tout. Et pourtant, il est là, sous nos yeux.
J’ai l’impression que nous sommes arrivés à une forme de standardisation des corps et des opinions. Les réseaux sociaux, la radio, la télévision, nous dictent leur loi et je vois peu de résistance face à ce que je qualifierais de fléau. On retouche nos photos, on soigne nos légendes, on choisit ce que l’on montre…et surtout ce que l’on cache. On ne tolère plus une opinion différente, si une personne se dit contre l’avortement, elle se fait lyncher…elle a pourtant le droit de le penser même si ça peut « déranger ». Pourquoi en vouloir à ceux qui ne pensent pas comme nous ? quelle intolérance !
De plus, ne pas supporter qu’on pense différemment, ça ressemble comme deux gouttes d’eau à du fascisme. Et vouloir imposer un point de vue à de la dictature. Finalement, les « fachos » ne sont peut-être pas là où on le croit…
Le résultat de tout ça ? Une quête de perfection où chacun se compare à des standards impossibles, oubliant que derrière chaque écran, il y a un humain imparfait, avec ses doutes, ses ratés, ses moments de solitude. Et les conséquences sont lourdes : nos jeunes n’ont jamais été aussi fragilisés, aussi exposés à la déprime. Certes, l’époque est instable et anxiogène, mais le fait de devoir jouer un rôle, de ne jamais pouvoir être pleinement soi-même, aggrave le malaise. À force d’entendre qu’il faut être « comme ci » ou « comme ça », on finit par croire que notre nature profonde n’est pas suffisante. Quelle tristesse…Alors que la réalité est simple : tous les corps sont beaux tels qu’ils sont, toutes les personnalités ont leur place, et toutes les opinions ont droit d’être exprimées, nous vivons encore en démocratie, ne l’oublions pas !
Au fond, la meilleure réponse à cette pression constante est peut-être simplement de revenir à nous-mêmes. Apprendre à s’accepter tels que nous sommes, avec nos forces, nos failles et notre singularité, est un acte profondément libérateur. Et cela commence par développer un regard critique sur tout ce qu’on tente de nous imposer : les normes, les formats, les idéaux fabriqués de toutes pièces. Plus nous apprenons à déceler l’artifice, plus nous retrouvons le goût du vrai. Et dans ce retour au naturel, chacun peut enfin respirer, exister pleinement et reprendre possession de sa propre histoire.
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