Le déni du réel

Publié le 9 décembre 2025 à 08:41
déni du réel

Déni : refus inconscient de prendre en compte une partie de la réalité, vécue comme inacceptable par l’individu.

 

Je crois que nous y sommes en plein. Partout autour de nous, les faits semblent être ignorés, minimisés ou travestis, et ça me rend dingue. Comment continuer à discuter, à avancer, quand tant de vérités dérangeantes sont simplement rejetées ? Ce déni collectif, presque mécanique, semble être devenu la norme. Et si on regardait de nouveau le réel en face.

 

Réalité : Caractère de ce qui est réel, de ce qui existe effectivement (et n'est pas seulement une invention, une apparence).

 

À force de vivre dans le virtuel, nous finissons par ne montrer que ce qui semble acceptable, lisse, conforme aux attentes, en dissimulant tout le reste. Les réseaux sociaux, en particulier, encouragent cette mise en scène permanente où la vie se résume à ses plus beaux fragments. Pourtant, la réalité est faite de nuances, de contradictions, de zones d’ombre et de lumière. Elle ne se réduit pas à une succession d’instants parfaits.

 

La réalité fait-elle peur ? Sans doute. Car dans une société où l’on valorise la « positive attitude » et le sourire constant, il devient presque tabou d’exprimer la tristesse, la lassitude ou le doute. À force de vouloir paraître heureux, on en vient à nier une part essentielle du réel : celle qui nous rend profondément humains. La peur de la réalité, c’est peut-être avant tout la peur de notre propre fragilité. Nous redoutons ce qui échappe à notre contrôle, ce qui ne se photographie pas bien, ce qui ne se raconte pas avec légèreté. Alors nous travestissons le monde derrière des filtres, numériques ou psychologiques, pour qu’il soit plus supportable, plus « présentable ».

 

La réalité n’est pas faite que de noirceur, elle regorge aussi de beauté, de douceur et de moments précieux et il n’est pas question de l’oublier. Mais reconnaître ces aspects positifs ne signifie pas fermer les yeux sur ce qui nous dérange. Affronter ce qui nous déplaît, c’est aussi une manière d’agir, de comprendre et, surtout, de transformer. Comment espérer améliorer ce qui ne fonctionne pas si l’on choisit sans cesse de l’ignorer ? C’est en regardant la réalité dans toute sa complexité, le beau comme le difficile, que l’on peut véritablement faire bouger les lignes.

 

Je suis profondément choquée de constater le silence qui entoure encore le massacre de certaines populations à travers le monde. Fermer les yeux sur ces horreurs ne les fait pas disparaître ; cela revient au contraire à leur offrir un terrain fertile pour se répéter. Oui, il est douloureux de regarder la souffrance en face, mais l’ignorer, c’est d’une certaine manière y participer. Le silence, même involontaire, devient alors une forme de complicité. Oser voir, nommer, dénoncer, c’est déjà refuser l’indifférence et affirmer notre humanité.

 

Même dans notre vie quotidienne, le déni reste profondément enraciné. Certains problèmes de société sont simplement balayés sous le tapis. Lorsque nos enfants meurent, victimes du narcotrafic ou d’une délinquance plus « classique », nous préférons détourner le regard, et les médias eux-mêmes en parlent à peine. Pourtant, fermer les yeux n’a jamais fait avancer quoi que ce soit.

 

Accepter le réel nous fait grandir ! Fermer les yeux sur ce qui nous dérange ne protège pas, cela retarde simplement le moment d’affronter ce qui est. Accueillir la réalité, dans toute sa complexité, c’est apprendre à composer avec elle plutôt qu’à la fuir. C’est aussi se donner la chance d’évoluer, de comprendre, et peut-être de transformer ce qui nous entoure. Alors, ouvrez les yeux, osez parler !

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